D’abord ne pas nuire
Un film de Eric Lemasson
Produit par les productions du moment et France 3
Le chiffre paraît à peine croyable, mais il émane d’une étude officielle du Conseil de l’Europe : un enfant sur cinq est victime de violences sexuelles, sous une forme ou sous une autre, sur l’ensemble du continent européen. Ce constat vertigineux et peu connu – y compris des professionnels de santé eux-mêmes – conduit à s’interroger : l’enfant victime de violences sexuelles devient-il un adulte comme les autres ? Lorsque la petite fille victime devient femme et se rend chez son gynéco ou à la maternité pour accoucher, le film documentaire d’Eric Lemasson, « d’abord ne pas nuire », commence. Le film est construit autour de témoignages bouleversants de femmes ayant subi dans l’enfance des violences sexuelles qui ont conditionné le reste de leur existence : Nour, violée à l’âge de trois ans par son grand-père, Elsa, violée à onze ans par un kiné censé la soigner, Nina, qui a grandi dans un climat familial incestueux, ces femmes révèlent que la violence subie dans l’enfance grandit en elle et s’exprime tôt ou tard contre elle-même ou leur entourage, spécifiquement lors de la période périnatale lorsqu’elles deviennent elles-mêmes mères.
Constatant que les personnels soignants, en gynécologie-obstétrique, sont désemparés et insuffisamment formés à la prise en charge de ces patientes si singulières, quelques sages-femmes et médecins alsaciens, pionniers au sein de leur communauté médicale, ont pris l’initiative de sensibiliser leurs confrères et au-delà, le grand public à ces patientes au passé traumatique. Ces médecins veulent changer les mentalités vers une pratique plus respectueuse du ressenti des patientes vulnérables, dont le traumatisme est, de prime abord, invisible. Primum non nocere, d’abord ne pas nuire, voilà ce qui fonde l’action de tout médecin. C’est le premier commandement du serment d’Hippocrate.